« Bonjour, on voudrait se séparer, mais bien se séparer, vous comprenez ? » Alvina va droit au but, elle est émue. Ça y est, c’est décidé, je pars, ça fait trop longtemps… trop longtemps que je lui donne des signes, que je l’alerte sur nos dysfonctionnements, que je lui dis mes attentes. Noël, lui, m’apparaît comme sidéré. Il est venu sans conviction. Sans regarder Alvina, il s’exprime avec une voix sourde : des signes ? Je ne les ai pas vus, tes signes, je ne les ai pas compris : me les as-tu seulement formulés ? Comment n’y ai-je pas cru ? Alvina baisse les yeux et ne répond pas.
C’EST DU PASSE
Alors oui, tous les trois nous revenons sur un passé douloureux. De ma place de CCF, je conserve une posture neutre et bienveillante, qui permette à chacun et de vider son sac et d’accueillir la plainte de l’autre.
Alvina arrive avec ses préoccupations matérielles présentes et son souci pour que leurs deux enfants de 3 et 7 ans vivent cette séparation le moins mal possible. Joël, lui, est en quête d’explications : pourquoi en sont-ils là tous les deux ? Qu’a-t-il fait de mal ou que n’a-t-il pas fait ?
AH, SI…
On n’est plus au milieu du gué, non, la décision est déjà prise. Ah… si nous étions venus il y a trois mois, soupire Alvina, peut-être aurions-nous vu les choses différemment ? Peut-être. Cependant, nul ne réécrira l’histoire. Ici nous relions l’histoire singulière de ce couple à l’histoire personnelle de chacun. Nous faisons émerger ensemble les désirs de chacun : que désirez-vous Alvina ? Et vous, Noël, où en êtes-vous ?
Des entretiens il n’y en aura peut-être pas beaucoup, mais ils auront le mérite d’apporter quelques éléments à Noël qui semble dérouté et perdu : pourquoi maintenant, alors qu’il a fait tant d’efforts ? Et puis d’apaiser Alvina qui se sent coupable d’être partie et de faire souffrir ses enfants. Comment les épargner ?
UN FUTUR A ECRIRE
Écoute, respect, reformulation patiente : non, je ne suis pas magicienne et Noël et Alvina le savent. Ce couple trouve ici une médiation, qui tient ici de l’équilibrisme.
Alvina et Noël mettront à jour un événement clé ou parfois une myriade d’éléments qui ont pu marquer le début d’une dégradation de leur relation. Ils dévoileront peut-être aussi les bribes d’une souffrance individuelle venue d’une histoire ancienne et qui a pu se réveiller dans ce lien conjugal pas toujours ajusté. C’est douloureux. Mais c’est salvateur.
Je suis témoin discret de l’épreuve de vérité, qui permet à Noël comme à Alvina de reprendre des forces et de s’autoriser à penser un nouvel avenir possible.
