Pères perdus
« Tout le monde sait comment on fait les bébés… Mais personne sait comment on fait des papas… ». Pas tout à fait d’accord : chacun sait que la mère « fait le père » en le désignant à l’enfant. Mais comment explique-t-on le désarroi des pères de 2018 ? Pourquoi se font-ils mettre hors-jeu, sauf à lutter avec énergie pour prendre leur place ?
Sans verser dans le débat de ces dernières années, demandons-nous à quoi sert un papa, au-delà du nom qu’il peut donner à l’enfant, des racines qu’il lui transmet, de la filiation et d’une histoire familiale, dont il lui fait un cadeau parfois aigre. A-t-il effectivement un rôle à jouer dans la restauration de l’interdit comme valeur éducative majeure, avec l’ajustement qui convient (la terreur pré-68 en moins) ? Allez j’ose le dire : « Oui, 100 fois oui ! ». Messieurs, prenez position, avec détermination, sans démission !
Le masculin, une richesse
Votre femme –sans vous le dire, c’est à vous de le deviner !- ne vous demande pas d’être une « mère bis », mais cherche auprès de vous un constant soutien dans la construction du jeune enfant qu’elle connaît … comme si elle l’avait fait. L’écueil pour elle, est de s’engouffrer dans son rôle de mère, au point d’en oublier qu’elle est aussi votre épouse.
A vous de jouer de votre autorité de tiers séparateur (une autorité saine, qui ne soit ni violence ni autoritarisme, vous l’aurez compris) et d’affirmer votre posture ! Vous bénéficiez d’atouts physiques certains, qui vous rendent naturellement plus distant, moins fusionnel, moins émotif que votre femme ? Soyez convaincus que c’est une richesse. Oui, vous êtes l’homme de la situation, parce que vous êtes le père de votre enfant. C’est à vous de faire intrusion dans l’intimité de la mère avec son enfant, pourtant si rassurante pour celui-ci, et de contredire par vos compétences paternelles la logique de la toute-puissance maternelle. Il vous revient d’incarner les limites au-delà desquelles il n’y aura pas de négociation possible, et d’assumer le mécontentement, la frustration qui vont naître chez l’enfant, chez votre enfant. Sa personnalité se construit à ce prix, c’est même une preuve d’amour paternel, qui en fera un adulte libre et responsable.
Confiance en soi
Messieurs, l’opération de sauvetage tardive, notamment à l’adolescence, est périlleuse, quand le père, exclu pendant toute l’enfance de sa progéniture, n’a pas voulu (ou pu…) trouver sa juste place. Vous êtes celui à qui revient la responsabilité de projeter son enfant dans le monde, dans une logique de dépassement de soi, de prise de risque et donc de construction chez votre enfant de la confiance en soi : « mon grand, tu peux y arriver ! ».
Ceci nous renvoie au positionnement de la femme devenue mère, votre femme.
Femme, mère …. partenaire ?
Mesdames, faites-vous confiance à votre conjoint ? Avez-vous conscience de la richesse d’un positionnement paternel, qui vous accompagne au quotidien pour faire appliquer les règles indissociables de l’éducation de votre enfant ? Etes-vous convaincues que votre conjoint possède des qualités éducatives différentes des vôtres, mais irremplaçables. Lui accordez-vous un pouvoir de décision au moins équivalent au vôtre ? Parvenez-vous à quitter la volonté de maîtrise et à lâcher prise ?
Gauche, maladroit, impatient, il est néanmoins père de vos enfants. Aidez-le – avec discrétion et diplomatie – à rester impliqué dans le souci éducatif des enfants. Regardez-le avec bienveillance et respect et … laissez-lui la place.
« Ah sacré papa… Dis-moi où es-tu caché ? »