Conflits et lassitude
Avis de tempête sur la Carte du Tendre des parents. Grêle de mots, cascade de cris, déluge de larmes et parfois volée de coups : les souffrances sont là, tandis que les protagonistes, eux, sont las. Dans le paysage désolé des discordes conjugales, des adultes courageux côtoient des enfants valeureux.
Adultes désireux de comprendre et de défaire les nœuds du conflit lorsqu’il est encore temps ; adultes conscients de ce que vivent leurs enfants et qui souhaitent les protéger et les sécuriser.
Enfants, jeunes ou moins jeunes, témoins de simples coups de vent ou d’un cyclone ravageur et qui ont activé au plus haut leur niveau d’alerte interne.
Au fond du tableau sombre, une faible lumière.
L’adulte, lorsqu’il prend l’initiative de la rencontre avec un tiers, vient mettre des mots sur la situation, faire émerger les émotions, renforcer sa relation avec le jeune et se tourner avec lui vers un avenir plus apaisé. Il souhaite par ailleurs se rassurer sur la bonne santé psychique de son enfant.
L’enfant, lorsqu’il franchit le seuil du cabinet, seul ou en fratrie, accompagné d’un ou de deux parents, traduit par son comportement et parfois par ses mots, son incompréhension et son inquiétude. Et peu à peu la confiance s’installe.
Déclarations d’amour.
Il m’émerveille cet enfant, cet ado, qui a grandi trop vite, confronté si tôt aux préoccupations des adultes, questionnant le désir d’être aimé.
Il prend progressivement conscience de sa place dans l’enchevêtrement des liens et il apprend à rendre à ses parents ce qui leur appartient : « non, je n’ai pas à protéger l’adulte qui souffre, non je n’ai pas à me sentir coupable d’exister ni à me taire, encore moins à sauver la situation. Oui, j’ai à reprendre ma juste place et à exprimer pleinement qui je suis ».
Et dans la discrétion du cabinet s’expriment de magnifiques déclarations d’amour, où se mêlent tendresse, larmes et rires. Et parfois l’enfant s’écrie : « Quand est-ce que je peux revenir ? ».